Subventions 2024 de la presse au Gabon : enjeux et controverses

Au Gabon, la presse privée se trouve à un carrefour délicat alors qu’elle attend avec impatience la subvention de l’État pour l’année 2024. Dans un communiqué daté du 28 décembre 2024 à Libreville, plusieurs organisations de presse ont exprimé leurs préoccupations face aux nouvelles exigences imposées par le ministère de la communication et des médias. Ces exigences, jugées arbitraires et incohérentes, soulèvent des questions sur la liberté de la presse et la volonté réelle du gouvernement de soutenir un secteur vital pour la démocratie.

Des exigences administratives contestées

Le 27 décembre 2024, le ministère de la communication a annoncé une période de dépôt des dossiers pour la subvention de l’État, prévue du 2 au 12 janvier 2025. Cependant, les organisations telles que l’OPAM, le CPPPL, l’UPPIG, l’UGPS et le RENAJI ont dénoncé la création annuelle de nouveaux critères d’attribution. Ces critères, qui semblent varier d’une année à l’autre, compliquent le processus pour des médias qui, par ailleurs, ont été accrédités pour des événements majeurs dans le pays sur la base de documents de création d’entreprise. Cette incohérence soulève des interrogations sur la transparence et l’équité du processus d’attribution.

La question de la carte de presse

Un des points les plus controversés concerne l’exigence de la carte de presse, un document que le ministère n’a pas délivré depuis la mise en place du gouvernement de transition. Les organisations de presse s’interrogent : « comment une administration peut-elle exiger un document qu’elle n’a jamais fourni » ? Cette situation met en lumière les difficultés rencontrées par les journalistes et les médias dans l’exercice de leur profession, et soulève des inquiétudes quant à la volonté du gouvernement de soutenir réellement la presse privée gabonaise.

Sanctions et liberté de la presse

Les organisations de presse ont également exprimé leur désaccord concernant l’exclusion des journaux sanctionnés par la Haute Autorité de la Communication (HAC) de la subvention. Elles soutiennent qu’un média ayant purgé sa peine ne devrait pas être pénalisé à nouveau pour la même faute. Cette position souligne l’importance de garantir la liberté de la presse et de ne pas restreindre l’accès aux ressources nécessaires à son fonctionnement.

Un appel à l’arbitrage du Chef de l’État

Face à ces défis, les organisations de presse ont appelé à l’arbitrage du président de la République, le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Elles espèrent que le chef de l’État, qui a déjà exprimé sa volonté de restaurer la dignité de la presse gabonaise, interviendra pour garantir un soutien équitable et rapide aux médias. Le paiement de la subvention, qui est déjà disponible au Trésor public, est attendu avec impatience par les entreprises de presse, qui dépendent de cette aide pour leur fonctionnement quotidien.

En conclusion

La situation actuelle de la presse privée au Gabon met en lumière des enjeux cruciaux liés à la liberté d’expression et au soutien gouvernemental. Les exigences administratives jugées excessives et incohérentes pourraient nuire à un secteur déjà fragilisé. Il est essentiel que le gouvernement prenne en compte les préoccupations des médias et agisse rapidement pour garantir un environnement propice à la liberté de la presse. La restauration de la dignité de la presse gabonaise passe par un soutien réel et équitable, et il appartient aux autorités de répondre à cet appel.

Times Infos

Par Amir Baron.

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