Télé Africa : Une chaîne de télévision Gabonaise en écran noir, des employés dans l’ombre du silence

La crise qui secoue Télé Africa, autrefois fleuron des médias privés gabonais, atteint un point critique. Alors que la chaîne émet depuis ces derniers jours un écran noir, ses employés, regroupés au sein du collectif « Unis pour nos droits », luttent pour faire entendre leur détresse face à 18 mois de salaires impayés. Cette situation révèle une faillite non seulement financière, mais également morale et institutionnelle, où l’inaction des responsables et des autorités compétentes fragilise encore davantage le secteur médiatique au Gabon.

Un silence assourdissant à la tête de Télé Africa

Pascaline Mferri Bongo Ondimba, Présidente du Conseil d’Administration de Télé Africa, est au centre de la tempête. Son mutisme face aux revendications répétées de ses employés suscite l’indignation. Depuis le 30 décembre 2024, plusieurs courriers lui ont été adressés, dont un dernier déposé directement à son domicile avec accusé de réception. À ce jour, aucune réponse. Ce silence est perçu par le collectif comme un mépris des droits fondamentaux des employés, abandonnés dans une précarité grandissante.

La situation est d’autant plus alarmante que Pascaline Bongo ne se contente pas d’ignorer les appels à l’aide, elle met également en péril l’image de Télé Africa, première chaîne privée de télévision au Gabon et en Afrique subsaharienne. À l’heure où la communication de crise devrait être une priorité, son refus de dialoguer jette un voile d’incertitude sur l’avenir de la chaîne.

Un collectif déterminé face à l’inaction

Face à l’inaction de la PCA, les employés de Télé Africa n’ont d’autre choix que de multiplier les actions pour briser le silence. Le sit-in organisé le 24 janvier 2025 devant le domicile de Pascaline Bongo à Libreville est l’une des nombreuses démarches entreprises par le collectif. Depuis le début de la crise, ils ont également saisi la Haute Autorité de la Communication (HAC), le Ministère de la Communication et même la Présidence de la République, espérant une médiation qui tarde à porter ses fruits.

Malgré ces efforts, la réponse institutionnelle demeure timide. Certes, la HAC et le Ministère de la Communication ont affiché leur solidarité avec les employés, jugeant leurs revendications légales et légitimes. Cependant, les promesses d’audiences et de suivi diligent se heurtent à une réalité où les employés continuent de vivre sans salaire ni solution concrète. L’urgence sociale appelle une action immédiate et tangible, mais les résultats se font toujours attendre.

Une institution en panne et un écran noir préoccupant

La crise de Télé Africa pose également la question de la responsabilité des autorités de régulation. La HAC, bien qu’ayant accueilli favorablement les doléances du collectif, peine à jouer pleinement son rôle. En tant qu’organe de contrôle des médias, elle dispose pourtant de prérogatives pour sanctionner les entreprises de presse non conformes à leurs obligations légales, y compris le paiement des salaires. Pourquoi cette institution tarde-t-elle à user de son droit de véto ?

Cette inaction affaiblit la crédibilité de la HAC et souligne les limites d’un système médiatique qui semble incapable de protéger ses acteurs. Pendant ce temps, l’écran noir persiste, privant les téléspectateurs gabonais d’une source d’information et de divertissement essentielle. Cette absence prolongée de la chaîne accentue l’impression d’un naufrage irréversible.

Une fracture sociale et institutionnelle alarmante

Au-delà des chiffres, cette crise est avant tout humaine. Derrière les 18 mois de salaires impayés se cachent des dizaines de vies brisées, des familles dans la détresse, et des employés désabusés par un système qui semble les abandonner. Le collectif « Unis pour nos droits » incarne le dernier espoir d’un personnel qui refuse de sombrer dans l’oubli.

Cependant, la stratégie de communication de crise adoptée par le collectif met également en lumière une fracture institutionnelle. La PCA reste invisible, tandis que les véritables propriétaires de la chaîne se murent dans un silence inquiétant. Cette absence de leadership reflète une gestion opaque et défaillante, qui ternit l’image de toute une corporation.

Une issue incertaine, mais urgente

Le collectif, plus déterminé que jamais, envisage de durcir ses actions pour obliger les responsables à se mettre enfin à la table des discussions. Leur demande est simple : le paiement immédiat des 18 mois de salaires impayés, condition sine qua non à toute négociation. Mais sans une intervention rapide et décisive des autorités compétentes, ce conflit risque de s’enliser, avec des conséquences désastreuses pour l’ensemble du secteur médiatique gabonais.

Il est temps que Pascaline Bongo et les autres responsables de Télé Africa sortent de leur mutisme. Au-delà de leurs employés, c’est tout un pays qui attend des réponses. Car à l’heure actuelle, Télé Africa est bien plus qu’une chaîne en écran noir : elle est le symbole d’une gestion à la dérive, d’une régulation inopérante, et d’une crise sociale qui ne fait que commencer.

Times Infos 

Par Nancy Nguema.

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