Depuis le dévoilement du chronogramme « indicatif » de la Transition, nous assistons à la naissance d’un « néo-Kounabélisme » qui invite non seulement à vouer un culte au Président de la Transition mais aussi à ignorer totalement le procès de la gouvernance du pays par le Parti Démocratique Gabonais (PDG).
Aussi entend-on et lit-on que la Transition doit durer une éternité car le retour à l’ordre constitutionnel rendrait le pouvoir aux civils. Civils qui seraient alors accusés, sans aucune distinction et au mépris de l’histoire, d’avoir mal gouverné le pays durant ces 50 dernières années.
Raison pour laquelle nous ne cessons de dire que le concept de « plus d’opposition, ni de majorité » tend à confondre injustement tout le monde.
Durant la campagne présidentielle avec « Alternance 2023 » que j’ai modestement accompagnée dans l’ensemble du pays, je n’ai pas entendu « Chassons tous les civils du pouvoir ». J’ai plutôt entendu « Chassons le PDG ! »
En réalité, ceux qui veulent confondre tous les civils en refusant de faire le procès légitime de la gouvernance du pays par le PDG sont, soit des PDGistes qui s’ignorent, soit des éternels assistés qui veulent instituer le « néo-Kounabélisme » en invitant nos vaillants militaires à se détourner de la mission initiée le 30 août.
Ces « néo-Kounabélisme » sont à la recherche de l’homme providentiel puisque ne pouvant vivre en dehors du logiciel PDG où le Président est considéré comme un « père ».
Or, quand on est un père, on est père à vie. Par analogie, on conçoit le pouvoir comme une possession à vie. On ne croit pas aux bienfaits de la circulation des Intelligences et des compétences. Tout ceci se résumant inconsciemment comme au PDG en « sans moi, c’est le chaos ».
Un enfantillage permanent de l’esprit qui nourrit le culte de la personnalité en lieu et place du culte des institutions fortes. Celles qui respectent l’Etat de droit et la vraie justice. Justice qui devrait faire le procès du PDG et de tous ceux qui ont conduit le pays au coup d’Etat du 30 août : du CGE de Stéphane Bonda au Gouvernement de Bilie By Nze en passant par la Cour constitutionnelle alors dirigée à cette époque par Marie Madeleine Mborantsuo.
Hasard de l’histoire ou belle coïncidence, j’étais encore étudiant à Accra au Ghana lors de la première visite du président Barack Obama sur le continent africain. Ce samedi 11 juillet 2009, on apercevait passer son cortège avant de l’entendre prononcer les mots suivants devant le Parlement ghanéen :
« Dans toute l’Afrique, nous avons vu de multiples exemples de gens qui prennent leur destinée en main et qui opèrent des changements à partir de la base. (…) Alors ne vous y trompez pas : l’histoire est du côté de ces courageux Africains, et non dans le camp de ceux qui se servent de coups d’Etat ou qui modifient les constitutions pour rester au pouvoir. L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions ».
C’est cette dernière phrase qui est devenue célèbre. En écoutant le Président Obama en 2009 à Accra, j’avais l’impression qu’il faisait l’autopsie de la Gouvernance du Gabon par les PDGistes que certains esprits retors veulent confondre à tous les civils du pays. Chiche !
Nos vaillants militaires se sont fixés pour mission de restaurer nos institutions. Voici que certains veulent en faire des idoles ou des personnalités à vénérer. Oubliant que c’est ce culte de la personnalité qui a poussé Ali Bongo à se croire surhumain.
Que les « néo-Kounabélisme » qui ont peur de prendre leur destin et celui du pays en main cessent d’accuser tous les civils ! Nous voulons vivre dans un pays normal avec des institutions fortes ! Tel est le sens de notre engagement public et politique ! Loin du Kounabélisme et du néo-Kounabélisme !
Nous ne sommes pas tous responsables de la mal-gouvernance du PDG durant 50 ans. Il faut avoir le courage de désigner par leurs noms ceux qui ont retardé le pays avant le coup d’Etat du 30 août.
Pendant ce long règne du PDG, des civils Gabonais se sont levés et ont levé la voix pour exiger la bonne gouvernance du pays et le respect de l’Etat de droit. Certains ont perdu leur emploi en refusant de cautionner la gouvernance d’Omar Bongo ou d’Ali Bongo. D’autres sont allés en exil ou en prison injustement. Des étudiants sortis des écoles ou des universités n’ont jamais eu de travail décent parce qu’ils n’ont jamais voulu se plier à l’immoralité et à l’esclavage du PDG. Nos parents ont été brimés ou ostracisés parce qu’ils n’émargeaient pas au PDG. Tout ce monde était des civils.
Même dans l’Armée, cette gouvernance du PDG était parfois imposée. Des épouses « civiles » de militaires parfois forcées d’aller soutenir le régime du PDG ou Sylvia Bongo, à défaut de faire passer leurs époux pour des « militaires opposants ». Cette violence psychologique imposée à ces femmes civiles est ou était bien réelle.
Ce ne sont pas des civils qui ont bombardé le QG de campagne de Jean Ping en 2016. Mais ce sont certains de ces civils qui se sont levés pour le dénoncer et dénoncer les incapacités d’Ali Bongo à gouverner le pays.
Ce sont des civils qui ont saisi la Cour constitutionnelle et interpellé le gouvernement et le Parlement PDG contre la fraude qui se préparait pour août 2023. Ce sont des civils qui ont tenu à aller au bout de la campagne présidentielle de 2023 avec « Alternance 2023 » pendant que d’autres appelaient au boycott des élections comme toujours. N’insultons pas l’histoire. Sans tous ces engagements des civils, le coup d’Etat du 30 août n’aurait peut-être pas trouvé de légitimité à nos yeux.
Ne transformez pas le Président de la Transition en « Ali Bongo en treillis » avec votre retour au culte de la personnalité, vos « atalakous » et, donc, votre néo-Kounabélisme hérité du PDG.
Nous nous sommes battus et nous nous battrons encore pour avoir des institutions gabonaises fortes et non pour avoir des Hommes politiquement vénérés.
Saluons tous l’acte héroïque du 30 août de nos vaillants militaires. Mais disons aussi… « Oui au retour de l’ordre constitutionnel dans un délai raisonnable ». N’insultons pas l’histoire. Tous les civils n’ont jamais toléré l’immoralité, la corruption et les antivaleurs du PDG.
A suivre…
Times Infos
Par Étienne Francky Meba Ondo
Dit Meboon Môôn Meba Ondo