Brice Oligui Nguema face à l’épreuve du pouvoir : fin des promesses, place aux preuves

Alors que la Cour constitutionnelle n’a pas encore confirmé les résultats de l’élection présidentielle, les premières manœuvres politiques s’intensifient en coulisse. La bataille pour les postes est bel et bien lancée, exposant au grand jour les tensions entre clans et les attentes d’un peuple en quête de rupture avec l’ancien système.

Union de façade, fractures en coulisse

Lors de la campagne présidentielle, Brice Clotaire Oligui Nguema a su fédérer un large éventail de forces politiques, transcendant clivages partisans et anciens différends. Une dynamique unitaire qui a séduit bon nombre de Gabonais, las des rivalités stériles et avides d’un changement réel. Mais à peine l’échéance électorale passée, la réalité du pouvoir reprend ses droits : les différentes chapelles s’activent pour s’assurer une place au sein du futur gouvernement.

Les négociations se font à huis clos, souvent au mépris des critères de compétence, d’intégrité et de service à la nation. Le spectre de la politique des « copains et des coquins », longtemps décriée sous les anciens régimes, refait surface. Une dynamique qui pourrait très vite éroder la légitimité d’un président qui s’était présenté comme l’homme du renouveau.

L’épreuve du casting : entre pressions et responsabilités

Pour Oligui Nguema, le premier grand test de son mandat ne sera ni économique, ni diplomatique, mais politique : la composition de son équipe gouvernementale. Ce choix déterminera sa capacité à tenir ses engagements de transition vers une gouvernance nouvelle. Le président devra arbitrer entre fidélité politique et exigence de résultats, entre promesses de campagne et pression des clans.

Un citoyen interrogé résume bien le dilemme : « Au Gabon, on confond tout. Celui qui est nommé pense que c’est un privilège personnel, non une mission de service public. Une charte de bonne conduite avec obligation de résultat serait la bienvenue. » Cette idée, simple mais puissante, traduit l’aspiration profonde des Gabonais : en finir avec les détournements, l’impunité et la mauvaise gouvernance.

Rompre avec les pratiques du passé ou en devenir l’héritier ?

Le défi est immense. Car rompre avec un système, ce n’est pas seulement changer d’hommes, c’est aussi changer de culture politique. Cela suppose de poser des garde-fous : déclarations de patrimoine, audits réguliers, mécanismes de contrôle, mais aussi sanctions réelles contre les fautifs. Sans cela, les vieux réflexes reviendront, renforcés par le sentiment d’impunité.

Oligui Nguema a entre ses mains une opportunité historique : poser les fondations d’un nouvel État, où la compétence primerait sur les affinités, où la loyauté serait envers la République et non envers un homme. S’il cède à la facilité des nominations de convenance, il ne sera qu’un épisode de plus dans la longue chronique des désillusions gabonaises.

Un peuple en attente d’exemplarité

Le peuple gabonais n’attend plus de discours, mais des actes. Il attend un président capable de dire non à ses proches si ceux-ci ne répondent pas aux standards de transparence et d’efficacité. Il attend un chef d’État qui choisit ses ministres comme on choisit des serviteurs, non des débiteurs politiques.

La phase actuelle est donc cruciale. Elle déterminera si Brice Oligui Nguema reste l’homme du changement qu’il prétend être, ou s’il sera happé par le système qu’il voulait combattre. Le Gabon a besoin d’un sursaut d’exemplarité. Et ce sursaut ne peut venir que d’en haut.

Times Infos 

Par Cédric Baloch.

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