Libreville, février 2025 – À quelques mois de l’élection présidentielle prévue le 12 avril 2025, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) traverse une crise d’une ampleur inédite. Deux factions s’opposent désormais sur la légitimité de la direction du parti, remettant en cause son unité historique. D’un côté, Blaise Louembè, récemment porté à la tête du PDG lors du 13ᵉ congrès extraordinaire, et de l’autre, Ali Akbar Onanga Y’Obegue, qui conteste cette élection et défend l’autorité d’Ali Bongo comme président du parti. Cette fracture, qui n’est pas sans rappeler celles ayant ébranlé d’autres formations politiques dans le passé, pourrait avoir un impact majeur sur l’échiquier politique national.
Un congrès sous haute tension et une légitimité contestée
Le 13ᵉ congrès du PDG, tenu dans un hôtel de Libreville, a été le théâtre d’un véritable coup de force. Blaise Louembè y a été désigné président du parti, une décision immédiatement contestée par le camp d’Ali Akbar Onanga Y’Obegue. Selon ce dernier, les textes du PDG ont été bafoués lors de cette désignation, entraînant la mise en place d’un « Directoire Provisoire de Redressement » destiné à rétablir l’ordre au sein du parti.
Cette crise pose la question du respect des statuts du PDG et de la légitimité des décisions prises lors du congrès. Pour les fidèles d’Ali Bongo, l’ancien président du parti et ex-chef de l’État, il ne fait aucun doute que ces événements ne sont qu’une tentative de prise de contrôle illégitime, remettant en cause l’histoire et l’identité du PDG. À l’inverse, les partisans de Blaise Louembè estiment que cette transition est nécessaire pour insuffler une nouvelle dynamique au parti, après les bouleversements politiques qu’a connus le pays depuis la chute d’Ali Bongo en août 2023.
Un parti divisé à l’aube d’un scrutin capital
Cette scission n’intervient pas dans un vide politique. À l’approche de la présidentielle d’avril 2025, l’unité des formations politiques est un facteur déterminant pour peser dans les urnes. Or, la division du PDG affaiblit potentiellement son influence et laisse planer une grande incertitude sur son positionnement.
La question centrale est celle du soutien ou non à une éventuelle candidature du général Brice Clotaire Oligui Nguema, actuel président de la transition. Jusqu’à présent, aucune des deux factions du PDG ne s’est officiellement prononcée sur cette éventualité. Toutefois, cette incertitude ne doit pas masquer une réalité politique évidente : si le PDG reste divisé, il risque de perdre son poids historique au profit d’autres forces politiques émergentes ou consolidées.
Le spectre des divisions passées : un scénario à haut risque
Le PDG n’est pas le premier parti à connaître une implosion interne au Gabon. D’autres formations, telles que le Morena, le PGP, le RNB ou encore l’Union Nationale, ont connu des crises similaires par le passé, souvent au détriment de leur influence électorale. Dans le contexte actuel, la division du PDG pourrait être un facteur de recomposition politique, ouvrant la voie à de nouveaux rapports de force au sein de l’opposition et de la majorité.
Mais au-delà de la simple question des rivalités internes, cette crise met en lumière une problématique plus profonde : la transformation du paysage politique gabonais depuis la transition post-Ali Bongo. L’ancien parti dominant est désormais confronté à des choix stratégiques cruciaux. Soit il parvient à surmonter ses dissensions pour jouer un rôle clé dans l’échéance électorale à venir, soit il s’enfonce dans une guerre de leadership qui pourrait accélérer son déclin.
Quel avenir pour le PDG ?
L’issue de cette crise interne dépendra en grande partie de la capacité des dirigeants du PDG à trouver un compromis, ou à défaut, à assumer la rupture. À ce jour, aucun signe tangible de réconciliation ne semble se profiler. L’élection présidentielle approchant à grands pas, il est peu probable que cette situation reste figée encore longtemps.
Reste à savoir si cette scission donnera naissance à deux entités politiques distinctes ou si l’une des factions finira par l’emporter sur l’autre. Quoi qu’il en soit, le PDG, qui fut jadis un parti hégémonique, est aujourd’hui fragilisé. L’enjeu n’est plus seulement interne : il s’agit aussi de savoir quelle sera sa place dans la future recomposition du pouvoir au Gabon.
Times Infos
Par Amir Baron.