La crise énergétique qui frappe le Gabon depuis plusieurs années vient de prendre une nouvelle tournure avec la signature d’un contrat controversé entre le gouvernement gabonais et la société turque Karpowership. Ce contrat, destiné à l’installation d’une centrale électrique flottante, semble loin de répondre aux attentes des populations gabonaises, déjà éprouvées par des délestages constants. Plus encore, il soulève de graves interrogations sur la transparence des décisions prises au plus haut niveau de l’État et sur les bénéficiaires réels de cet accord coûteux.
Un contrat aux clauses déroutantes
Signé le 14 juin 2024 par l’actuel ministre de l’Énergie, Jeannot Kalima, le contrat avec Karpowership visait à fournir une solution rapide à la crise énergétique qui secoue le Gabon. Pourtant, selon des informations révélées par Africa Intelligence, les termes de l’accord défient toute logique économique. Le prix du kilowattheure serait excessivement élevé et certaines conditions contractuelles pèsent lourdement sur la partie gabonaise. L’un des éléments les plus préoccupants est l’obligation pour la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) de payer des frais d’immobilisation exorbitants de 7 millions d’euros, soit environ 4,6 milliards de francs CFA.
Ce montant, jugé astronomique, s’ajoute à des clauses contractuelles opaques qui rendent le contrat particulièrement désavantageux pour le Gabon. L’immobilisation de la centrale flottante avant même sa mise en service effective remet en question l’intérêt stratégique de ce projet. Au lieu de résoudre le problème des délestages, le pays se retrouve prisonnier d’un accord qui risque d’alourdir davantage sa dette énergétique sans aucune garantie tangible d’amélioration.
Des responsabilités floues et une gestion suspecte
Au cœur de ce scandale, une question clé reste en suspens : qui a réellement orchestré cette transaction douteuse ? Est-ce Jeannot Kalima, ministre de l’Énergie, ou l’ex-directeur général de la SEEG, Joël Lehmann Sandoungout ? Ce dernier, bien qu’au courant des termes discutables du contrat, aurait choisi de déléguer la signature du document à son adjoint, Guy Georges Ngamamba. Ce geste, perçu par certains comme une tentative de se distancier de l’affaire, ne fait qu’alimenter les soupçons autour de cette transaction.
La task force dirigée par Pierre Duro, un Franco-Andorran en charge de revoir les contrats énergétiques, s’efforce désormais de dénoncer l’attribution de ce marché. Duro et son équipe mettent en avant les nombreuses irrégularités constatées et tentent de faire annuler cet accord jugé préjudiciable pour les finances du pays. Cependant, l’obscurité qui entoure les réelles motivations des signataires complique la tâche de ceux qui veulent remettre de l’ordre dans ce dossier explosif.
Une population victime des délestages
Pendant que ces tractations se déroulent en coulisses, les Gabonais, eux, continuent de subir les délestages réguliers qui paralysent de larges portions du territoire. Cette situation exacerbe la frustration et l’incompréhension au sein des populations, particulièrement dans les provinces où l’accès à l’électricité est intermittent, voire inexistant. L’annonce de l’accord avec Karpowership, censé améliorer la situation, n’a fait qu’ajouter au désarroi général, car la centrale flottante n’a toujours pas produit les résultats escomptés. On se demande même si cette centrale flottante est déjà fonctionnelle mais, à en croire a ce qui se passe, le pays paierait de l’argent jeter par la fenêtre.
Les problèmes d’approvisionnement énergétique affectent non seulement le quotidien des citoyens, mais également l’économie du pays. Les secteurs industriels et commerciaux, tout comme les infrastructures publiques, souffrent de cette instabilité chronique, ce qui freine le développement global du Gabon.
Les autorités interpellées sur la gestion de la SEEG
Face à l’ampleur de la controverse, le Président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a récemment reçu les dirigeants de la SEEG pour discuter de la situation. La société, placée sous administration provisoire depuis quelques semaines, est au cœur de toutes les attentions aussi, le Président de l’Etat Gabonais a également mis un terme aux agents véreux de cette société en les virant des équipes, ceux ayant créés des sociétés écrans mais puis, les sous-traitants qui n’apportent aucune expertise avérée en matière de fourniture d’eau et d’électricité dans le pays si ce n’est que de se remplir les poches avec l’argent du consommateur. Les autorités gabonaises cherchent des moyens de résoudre cette crise énergétique sans plonger encore plus le pays dans des accords financiers toxiques.
Cependant, il reste à savoir si cette initiative suffira à rétablir la confiance du peuple et à corriger les erreurs du passé. La gestion de la SEEG a été marquée ces dernières années par une série de décisions contestées, et la transparence semble être un enjeu crucial pour l’avenir du secteur énergétique gabonais.
Qui profite réellement du contrat ?
L’une des questions les plus préoccupantes est de savoir qui bénéficie réellement de cet accord avec Karpowership. Bien que les clauses du contrat semblent particulièrement défavorables au Gabon, il est probable que certains acteurs, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, tirent parti de cette situation. Les conditions opaques et les montants exorbitants engagés laissent penser qu’il existe des intérêts cachés qui influencent cette transaction.
Il est essentiel que les autorités militaires, actuellement au pouvoir, fassent la lumière sur cette affaire. Si les responsables de cet accord juteux ne sont pas identifiés et tenus pour responsables, le pays continuera de s’enfoncer dans une crise énergétique dont les conséquences seront catastrophiques pour les Gabonais et pour les finances publiques.
En somme
Le scandale autour de la centrale flottante turque met en évidence les graves lacunes de la gestion de l’énergie au Gabon. Alors que le pays fait face à des délestages constants, l’État se retrouve lié à un contrat controversé qui alourdit encore plus le fardeau économique. Les autorités gabonaises, sous l’impulsion du Président de la transition, doivent rapidement prendre des mesures pour rétablir la transparence et la responsabilité dans ce secteur vital. Sans cela, la crise énergétique pourrait s’aggraver, au grand désarroi des populations et de l’économie nationale.
Times Infos
Par Nancy Nguema.