Alors que le Gabon entame l’année 2025, un appel poignant a été lancé par Ali Akbar Onanga Y’Obegue, ancien ministre sous le régime déchu d’Ali Bongo et intellectuel respecté. Dans un message adressé à la nation, il exprime une inquiétude grandissante sur la gestion actuelle de la transition politique, mettant en lumière des dérives qui pourraient compromettre les promesses initiales de justice, de transparence et de démocratie. Cette intervention, empreinte de gravité, interroge la trajectoire d’un processus transitionnel qui devait incarner une rupture salvatrice.
Un coup d’État prometteur, mais des engagements vacillants
Le 30 août 2023, le Gabon entrait dans une nouvelle ère après un coup d’État militaire justifié par la volonté de corriger les abus du régime précédent. Les promesses étaient ambitieuses : restaurer des institutions crédibles, garantir un retour rapide au pouvoir civil et poser les bases d’une démocratie véritable. Cependant, seize mois plus tard, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) peine à convaincre.
Les pratiques actuelles rappellent étrangement celles du régime déchu. Le référendum constitutionnel du 16 novembre dernier, censé ouvrir la voie à une refonte politique, a été marqué par une absence flagrante d’inclusivité et de débats démocratiques. La révision annoncée de l’ancienne liste électorale, pourtant critiquée pour ses nombreuses anomalies, suscite également des interrogations. Pourquoi réactiver un fichier électoral décrié, au lieu de repartir sur des bases saines ? Cette décision unilatérale alimente les soupçons d’agendas cachés et compromet la crédibilité de la transition.
L’opacité du chronogramme, un signal inquiétant
Un autre point de préoccupation majeur réside dans l’absence de chronogramme clair pour la sortie de la transition. Ali Akbar Onanga Y’Obegue souligne avec justesse que cette opacité mine la confiance des citoyens et de la communauté internationale. Sans cadre temporel précis, la transition semble naviguer à vue, ce qui laisse place à des interprétations alarmantes : manque de préparation, absence de vision ou volonté de prolonger indéfiniment l’exercice du pouvoir militaire.
Le risque d’organiser la prochaine élection présidentielle sur des bases contestées est réel. En l’absence d’un nouveau code électoral, les Gabonais pourraient revivre les frustrations du passé. Cette incohérence entre les promesses de réforme et la réalité des pratiques actuelles menace de discréditer l’ensemble du processus transitionnel.
Une transition prise en otage par les calculs politiques
Le discours de l’ancien ministre met également en lumière un paradoxe troublant : certains acteurs clés de la transition, autrefois critiques acerbes du régime déchu, semblent aujourd’hui plongés dans un silence complice face aux dérives actuelles. Cette attitude soulève des questions sur la sincérité des engagements pris et sur l’influence d’intérêts personnels dans la gestion de cette transition.
En l’absence d’un effort concerté pour garantir transparence et équité, les actions du CTRI risquent d’être perçues comme une continuité des pratiques du passé. Ce manque de rupture véritable affaiblit non seulement la transition, mais aussi la confiance des Gabonais, déjà érodée par des décennies de gouvernance défaillante.
Le défi de la responsabilité historique
Ali Akbar Onanga Y’Obegue appelle les autorités de transition à prendre la mesure de leur responsabilité historique. Leur mission, rappelle-t-il, n’est pas de consolider un pouvoir de fait, mais de préparer un retour crédible à l’ordre constitutionnel. Cela implique des réformes profondes, menées avec rigueur et dans un esprit d’inclusivité.
L’ancien ministre insiste sur l’urgence de clarifier le processus électoral, d’adopter un code électoral adapté et d’organiser toutes les élections sous des règles uniformes et transparentes. Toute autre démarche risquerait de plonger le pays dans un chaos encore plus grand que celui qu’il cherche à surmonter.
Un appel à la vigilance citoyenne
Au-delà des autorités de transition, Onanga Y’Obegue interpelle directement les citoyens gabonais. Il leur rappelle que le Gabon est un bien commun, et non la propriété d’un individu ou d’un groupe restreint. Dans cet esprit, il exhorte ses compatriotes à rester vigilants et engagés pour défendre les intérêts supérieurs de la nation.
L’histoire, dit-il, jugera cette période cruciale. Réussir la transition exige un engagement collectif pour éviter que le Gabon ne sombre à nouveau dans les travers du passé. La transparence, la concertation et la responsabilité doivent guider chaque étape du processus.
Un avenir encore possible
L’intervention d’Ali Akbar Onanga Y’Obegue est un appel vibrant à la raison. Elle invite les Gabonais, autorités comme citoyens, à saisir l’opportunité historique qui se présente pour bâtir un avenir démocratique et stable. Le succès de cette transition repose sur la capacité des acteurs à privilégier l’intérêt commun au détriment des ambitions personnelles.
En cette année 2025, le Gabon se trouve à la croisée des chemins. Les choix faits aujourd’hui détermineront l’héritage laissé aux générations futures. Que la voix de la sagesse, résonnant à travers cet appel, inspire une prise de conscience nationale pour construire un Gabon véritablement nouveau.
Source : Ali Akbar ONANGA Y’OBEGUE
Times Infos
Par Nancy Nguema.