Mariage au Gabon : Quand la peur de la sorcellerie freine les unions sacrées

Au Gabon, le mariage, qu’il soit coutumier ou civil, est censé être une étape majeure de la vie, marquant l’union sacrée entre deux êtres et leurs familles. Pourtant, une inquiétude grandissante gagne la population : la peur de la sorcellerie. Cette crainte, nourrie par des récits de décès inexpliqués survenant après les noces, freine de nombreux prétendants à franchir le pas, créant une crise silencieuse dans les relations et la société.

Un climat de peur alimenté par les croyances

Dans plusieurs régions du pays, des histoires troublantes circulent : un époux ou une épouse décède mystérieusement quelques jours, mois ou années après la célébration du mariage. Ces récits, bien que souvent non vérifiables, s’enracinent dans les croyances populaires. Les décès, les malheurs ou même les conflits conjugaux sont souvent attribués à des forces mystiques, alimentant ainsi une paranoïa collective.

« On a vu des couples se marier, et peu de temps après, l’un des deux décède. Ça fait peur et ça freine même l’envie de se marier », confie un jeune homme sous anonymat. Cette perception, relayée par des proches et voisins, crée une pression sociale énorme sur les prétendants, qui hésitent à s’engager dans une union perçue comme risquée.

La sorcellerie : entre réalité et mythe

La croyance en la sorcellerie est ancrée dans le tissu culturel gabonais, comme dans de nombreux pays africains. Cependant, elle soulève une question fondamentale : s’agit-il d’une réalité avérée ou d’un moyen de rationaliser des tragédies inexpliquées ? Les décès soudains, souvent liés à des maladies non diagnostiquées ou des accidents, trouvent un écho mystique dans les récits populaires. Cette interprétation reflète un manque de sensibilisation sur les causes naturelles des événements tragiques.

Les traditions coutumières, bien qu’importantes, peuvent parfois renforcer ces perceptions. Certaines familles imposent des rituels complexes et des exigences financières élevées qui, en cas de malheurs, alimentent davantage les soupçons de pratiques occultes.

Un impact sociétal inquiétant

Le résultat de cette peur est un recul significatif du nombre de mariages formels. De nombreux couples choisissent de cohabiter sans officialiser leur union, évitant ainsi les complications potentielles associées au mariage. Cette situation crée un vide juridique et social, privant les partenaires et leurs enfants des protections offertes par la loi.
Par ailleurs, cette méfiance envers le mariage impacte les relations familiales. Les tensions autour des dotes, des rituels et des accusations de sorcellerie exacerbent les conflits, éloignant davantage les individus de l’institution matrimoniale.

Le rôle des autorités et des leaders communautaires

Face à ce phénomène, les autorités civiles, religieuses et coutumières ont un rôle crucial à jouer. Il est impératif de sensibiliser les populations à l’importance de dissocier les croyances mystiques des réalités médicales et sociales. Les leaders religieux, notamment, peuvent contribuer à démystifier les récits alarmistes, en insistant sur l’amour, la confiance et la responsabilité comme piliers du mariage.

De leur côté, les institutions civiles doivent promouvoir activement les avantages du mariage légal, notamment en termes de protection des conjoints et des enfants. Parallèlement, des campagnes d’éducation à la santé, axées sur la prévention et le dépistage des maladies, pourraient dissiper une partie des peurs liées aux décès inexpliqués.

Redonner confiance à l’union sacrée

Le mariage, dans sa dimension coutumière ou civile, reste une institution fondamentale pour la stabilité sociale. Pour restaurer la confiance des couples, il est essentiel de mettre en lumière les aspects positifs de l’union, tout en abordant avec tact les préoccupations liées à la sorcellerie.
Il s’agit d’un défi collectif : dépasser les craintes pour redonner au mariage son caractère sacré et joyeux. Une société ne peut prospérer sans des familles solides et unies. Mais pour y parvenir, il faudra s’attaquer de front aux tabous, en conjuguant modernité et respect des traditions.

Times Infos 

Par Nancy Nguema.

Un commentaire sur « Mariage au Gabon : Quand la peur de la sorcellerie freine les unions sacrées »

  1. La sorcellerie impacte aujourd’hui les mariages du fait de la perte des valeurs traditionnelles du mariage dans son processus. Car, le mariage engage solennellement deux familles, cela impose des échanges préalables des deux familles avant de sceller tout lien de mariage.ces échanges permettaient aux deux familles de visiter les éventuels freins et conditions sur le plan physique et invisible quand on épouse la femme chez les Bantous la famille procède à intégrer la mariée sur le plan physique et invisible de même l’epoux devra être aussi intégré et accepté sur le plan physique et invisible par la famille de la femme.Quand ces conditions sont inversées on peut assister malheureusement aux divorcés décès brutal et autres méfaits.
    Car on quand épouse la femme on épouse surtout son corps invisible et non sa beauté physique.

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