Depuis son retour au premier plan de la scène politique congolaise, Vital Kamerhe suscite autant d’admiration que de méfiance. L’homme, longtemps présenté comme le fidèle allié de Félix Tshisekedi, est aujourd’hui au cœur des tensions au sein du pouvoir. Son influence grandissante et ses ambitions présumées divisent l’entourage présidentiel, soulevant une question cruciale : Kamerhe prépare-t-il déjà l’après-Tshisekedi ?
Un retour en force après la disgrâce
Ancien directeur de cabinet du président, Kamerhe a connu une ascension fulgurante avant d’être brutalement écarté en 2020, condamné pour détournement de fonds publics. Sa réhabilitation en 2022 et sa nomination au poste stratégique de président de l’Assemblée nationale en 2024 marquent une revanche politique spectaculaire. Pourtant, ce retour ne fait pas l’unanimité, notamment au sein de l’Union sacrée, où plusieurs cadres voient en lui un acteur trop ambitieux, capable de rebattre les cartes du pouvoir à son avantage.
Sa capacité à se repositionner malgré les tempêtes judiciaires intrigue autant qu’elle inquiète. Beaucoup se demandent si sa loyauté affichée envers Tshisekedi n’est pas simplement une façade destinée à masquer une stratégie plus personnelle. Son contrôle sur l’Assemblée nationale lui confère un levier institutionnel puissant, qui pourrait lui permettre de peser lourdement sur les décisions gouvernementales et, à terme, sur l’échéance présidentielle de 2028.
Une influence qui dérange
Dans les coulisses du pouvoir, la méfiance s’installe. Plusieurs figures influentes de la majorité présidentielle voient d’un mauvais œil la montée en puissance de Kamerhe. Certains le considèrent comme un potentiel adversaire plutôt qu’un simple allié. Cette crainte s’appuie sur des éléments concrets : ses discours soigneusement calibrés, son habileté à rassembler autour de lui une base politique solide et son expérience en matière de négociations et d’alliances stratégiques.
Le président Tshisekedi lui-même est-il inquiet ? Officiellement, l’entente entre les deux hommes demeure cordiale, mais en privé, plusieurs sources évoquent une relation plus complexe. Le chef de l’État sait que Kamerhe possède des atouts qu’aucun autre cadre de l’Union sacrée ne peut revendiquer : une expérience gouvernementale avérée, une capacité à manœuvrer au sein des institutions et un réseau d’alliés à la fois en RDC et à l’étranger.
Kamerhe, entre démentis et ambitions masquées
Face aux critiques et aux soupçons, Vital Kamerhe reste dans une posture défensive. Il affirme être un homme de devoir, fidèle au président, et ne nourrit aucune ambition cachée. Pourtant, son attitude prudente et ses déclarations parfois évasives laissent planer le doute. « Je suis ici pour servir la nation et accompagner le président Tshisekedi dans sa vision », répète-t-il à chaque occasion. Mais dans les faits, son positionnement et ses choix politiques suggèrent une stratégie bien plus calculée.
L’histoire politique congolaise regorge de retournements spectaculaires et de trahisons inattendues. Kamerhe, fin stratège, pourrait-il être tenté de suivre ce schéma ? Son ascension fulgurante et sa capacité à renaître de ses échecs en font un acteur incontournable du paysage politique. Reste à savoir s’il se contentera du rôle de bras droit fidèle ou s’il ambitionne de devenir, à terme, l’homme fort de Kinshasa.
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : Vital Kamerhe n’a pas dit son dernier mot. Et dans l’arène politique congolaise, il est toujours dangereux de sous-estimer un homme qui a déjà prouvé qu’il savait revenir de loin.
Times Infos
Par Patrick Kindé.