Référendum au Gabon : un plébiscite ou une illusion démocratique ?

Le référendum constitutionnel du 16 novembre 2024 au Gabon, qui a vu le « oui » l’emporter avec un impressionnant 91,80 % des voix, soulève de nombreuses questions sur la véritable nature de cette consultation populaire. Bien que les chiffres puissent sembler flatteurs pour le gouvernement, ils cachent une réalité plus complexe et préoccupante. Ce scrutin, loin d’être un simple exercice démocratique, pourrait bien être perçu comme une manœuvre politique visant à consolider le pouvoir en place si l’on doit s’en tenir aux jeux des alliances qui prévaut entre le pouvoir militaire en place au Gabon et celui déchu en aout 2023. Quelle leçon en tiré ?

Une participation en demi-teinte : un signe d’apathie ?

Avec un taux de participation de 53,54 %, il est difficile de ne pas s’interroger sur l’engagement réel des Gabonais envers ce référendum. Une participation inférieure à la moitié des électeurs inscrits peut être interprétée comme un signe d’apathie ou de désillusion face à un processus politique jugé peu transparent. Dans un contexte où la confiance envers les institutions est déjà fragile, ce chiffre soulève des inquiétudes quant à la légitimité du résultat. Les Gabonais se sentent-ils réellement représentés, ou ont-ils été contraints de choisir entre un « oui » qui promet un avenir meilleur et un « non » qui pourrait être perçu comme un retour à l’instabilité ?

Des conditions de vote contestables : une démocratie sous pression

Les conditions dans lesquelles ce référendum a eu lieu sont également sujettes à controverse. De nombreux observateurs ont signalé des irrégularités dans le processus électoral, allant de la manipulation des listes électorales à des pressions exercées sur les électeurs. Dans un climat politique tendu, où la liberté d’expression est souvent mise à mal, il est légitime de se demander si les Gabonais ont voté en toute connaissance de cause ou s’ils ont été influencés par un environnement hostile à la contestation. La question de la transparence du scrutin est cruciale pour évaluer la validité des résultats annoncés.

Un avenir incertain : vers une concentration des pouvoirs ?

Le soutien massif au « oui » pourrait également être interprété comme un feu vert pour le gouvernement afin de renforcer son emprise sur les institutions. La nouvelle Constitution, qui promet des réformes, pourrait en réalité servir à justifier une concentration accrue des pouvoirs entre les mains de l’exécutif. Les Gabonais doivent se demander si ce changement constitutionnel est véritablement synonyme de progrès ou s’il ne s’agit que d’un habillage législatif pour pérenniser un système déjà contesté. La crainte d’un affaiblissement des contre-pouvoirs et d’une dérive autoritaire plane sur l’avenir politique du pays.

Un appel à la vigilance citoyenne

Alors que le Gabon se dirige vers une nouvelle ère constitutionnelle, il est impératif que les citoyens restent vigilants et critiques face aux évolutions politiques. Le référendum du 16 novembre, bien qu’il ait été marqué par un soutien apparent, doit être analysé avec un regard critique. La démocratie ne se résume pas à des chiffres, mais à la capacité des citoyens à s’exprimer librement et à voir leurs voix entendues. Les Gabonais doivent continuer à exiger transparence et responsabilité de la part de leurs dirigeants, afin de s’assurer que ce plébiscite ne soit pas qu’une illusion démocratique, mais un véritable tremplin vers un avenir meilleur.

Times Infos

Par Nancy Nguema.

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