Le Parlement gabonais a récemment adopté une nouvelle version du Code électoral, fruit d’intenses négociations entre le gouvernement, l’Assemblée nationale et le Sénat. Avec l’ajout de 70 sénateurs, validé après une ultime délibération en comité mixte parlementaire, cette réforme soulève autant d’enthousiasme que de questions sur son impact réel sur la gouvernance et les prochaines échéances électorales.
Un dialogue parlementaire animé mais contesté
Le processus de révision a mis en lumière des divergences profondes entre les propositions initiales et la décision finale. Le gouvernement avait proposé de limiter le nombre de sénateurs à 52, arguant d’un besoin de rationalisation et de réduction des coûts de fonctionnement des institutions. Cependant, l’Assemblée nationale et le Sénat ont successivement porté ce chiffre à 60 et 70, marquant une victoire des deux chambres sur l’exécutif.
Ce désaccord met en évidence une dynamique parlementaire active, mais aussi des questions sur l’efficacité de cette augmentation. Les 70 sièges adoptés pourraient alourdir une institution déjà critiquée pour sa lenteur et ses dépenses. Cette décision reflète-t-elle un souci d’équilibre démocratique ou un ajustement dicté par des intérêts politiques spécifiques ?
Les assises d’Angondjé : réforme ou instrument politique ?
Le Code électoral révisé puise sa légitimité dans les conclusions des assises d’Angondjé, un cadre de concertation qui se voulait inclusif. Toutefois, ces assises ont été critiquées par certains acteurs de la société civile et des partis d’opposition, qui dénoncent une réforme menée dans l’intérêt des élites politiques.
La question demeure : cette nouvelle configuration parlementaire permettra-t-elle une représentation plus équilibrée des citoyens ou renforcera-t-elle les intérêts des partis dominants ? Sans mécanismes clairs pour garantir la transparence, cette réforme pourrait accentuer les déséquilibres déjà présents dans le paysage politique gabonais.
Un timing stratégique pour les échéances électorales
Cette réforme intervient à un moment clé : les élections présidentielles, législatives et locales se profilent à l’horizon, tandis que la révision des listes électorales, lancée le 2 janvier 2025, bat son plein. Si ce nouveau cadre est adopté à temps, il pourrait remodeler le paysage électoral en redistribuant les cartes du pouvoir.
Cependant, la précipitation avec laquelle les révisions sont menées pourrait poser des défis logistiques et juridiques. Les critiques pointent du doigt un calendrier trop serré pour garantir une mise en œuvre efficace, compromettant ainsi la crédibilité des prochaines élections.
Quels enjeux pour la démocratie gabonaise ?
En adoptant cette réforme, le Parlement gabonais a démontré sa capacité à peser dans les décisions stratégiques du pays. Néanmoins, cette victoire institutionnelle pourrait s’avérer coûteuse si elle n’est pas accompagnée de mesures visant à renforcer la transparence et l’inclusion.
La réforme du Code électoral est-elle une avancée démocratique ou une tentative de consolidation du pouvoir en place ? Les prochaines élections seront le véritable test pour évaluer l’impact de ces changements sur la stabilité et la crédibilité du processus démocratique au Gabon.
En attendant, la société civile et les observateurs internationaux restent vigilants, rappelant que la démocratie ne se mesure pas seulement au nombre de sénateurs, mais à la capacité des institutions à répondre aux aspirations des citoyens.
Times Infos
Par Nancy Nguema.