Subvention à la presse privée au Gabon : une attente interminable qui exaspère les patrons de médias

Lors de son entretien sur la chaîne nationale, le Président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a réitéré l’engagement de l’État à soutenir la presse privée gabonaise. La subvention, initialement plafonnée à 127 millions de FCFA, a été considérablement augmentée pour atteindre 500 millions de FCFA. Une décision saluée par les professionnels du secteur, qui y voyaient une reconnaissance de leur rôle crucial dans la vie démocratique du pays. Pourtant, plusieurs mois après cette annonce, le versement tant attendu se fait toujours désirer, plongeant les entreprises de presse dans une incertitude financière inquiétante.

Une frustration croissante chez les patrons de presse

Les directeurs de publication et responsables de médias privés ne cachent plus leur exaspération face à l’absence de visibilité sur le paiement de cette subvention. « Nous avons fait preuve de patience depuis les assises de la commission chargée de l’étude et de la répartition des fonds. Tout semblait en bonne voie, mais aujourd’hui, nous sommes toujours sans nouvelles concrètes », confie un patron de presse sous couvert d’anonymat.

Les professionnels du secteur dénoncent un manque de communication de la part des autorités compétentes. Certains s’interrogent même sur d’éventuels blocages administratifs ou politiques freinant l’effectivité des paiements. Une situation d’autant plus frustrante que le président avait assuré que la seconde partie des rappels de solde serait versée avant l’élection présidentielle du 12 avril 2025.

Une aide détournée de son objectif initial ?

Outre le retard de paiement, une autre polémique est venue entacher la gestion de cette subvention. Des voix s’élèvent pour dénoncer une ponction de 25 % sur le montant total, réduisant ainsi la somme réellement destinée aux médias. Selon certaines sources, 10 % auraient été prélevés pour financer les travaux de la Commission de répartition, tandis que 15 % auraient été retenus par le ministère du Budget. « C’est un véritable coup dur pour la presse privée, déjà fragilisée économiquement. Nous avions fondé beaucoup d’espoirs sur cette subvention, mais si elle est amputée avant même d’être versée, comment allons-nous survivre ? », s’interroge un éditeur.

Par ailleurs, les patrons de presse rappellent que les autorités avaient également promis de fournir des véhicules aux médias privés, mais cette promesse est restée lettre morte. « Nous nous étions réjouis de voir la subvention revalorisée, mais aujourd’hui, c’est comme si on nous faisait miroiter une aide qui, au final, n’arrive jamais », ajoute un autre directeur de publication.

Une incertitude pesante à l’approche de l’élection présidentielle

À moins d’un mois du scrutin présidentiel dont la campagne électorale débute ce samedi 29 mars 2025 et, le vote qui aura lieu le 12 avril prochain, la situation devient critique pour de nombreux médias privés. Déjà confrontés à des difficultés structurelles, certains craignent de devoir réduire leurs effectifs ou suspendre certaines publications en raison du manque de ressources financières. « Allons-nous arriver aux élections sans avoir reçu la subvention que nous attendons depuis des mois ? », s’indigne un responsable de journal.

Ce retard de paiement soulève des interrogations quant à la volonté réelle du gouvernement de soutenir une presse indépendante et dynamique. Si la presse privée est souvent perçue comme un contre-pouvoir essentiel dans un pays en transition, son affaiblissement financier pourrait avoir des répercussions sur la pluralité et la liberté d’expression au Gabon.

Quelle issue pour cette crise ?

Face à la grogne croissante des acteurs du secteur, les autorités doivent impérativement clarifier la situation et apporter des réponses concrètes. À ce stade, la presse privée attend non seulement le versement de la subvention promise, mais également une transparence totale sur la gestion des fonds alloués.

L’État tiendra-t-il ses engagements ? Ou faudra-t-il de nouvelles revendications publiques pour obtenir gain de cause ? En attendant, les médias privés continuent de faire face à cette incertitude qui met en péril leur existence même.

Times Infos 

Par Nancy Nguema.

2 commentaires sur « Subvention à la presse privée au Gabon : une attente interminable qui exaspère les patrons de médias »

  1. Ce sujet est traité depuis le début avec un amateurisme inquiétant. Lors de la tenue de la Commission d’attribution des subventions, les patrons de presse étaient représentés. Je citerais : l’OPAM et le CPPPL. Ils ont la bonne information sur toutes les questions qui sont posées ici.
    Si les journalistes sont rétissants à aller chercher l’nformation de source au ministère, qu’ils se rapprochent au moins de leurs confrères.

    1. C’est terrible que vous veniez traiter nos journalistes d’amateur en rapport avec cet article de presse.
      Ce que nous comprenions, c’est simplement que: lorsqu’un article n’arrange pas, ça dérange.
      Toutefois, notre rédaction vous remercie entièrement pour la remarque.

      La Rédaction

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