Le Gabon a récemment annoncé l’importation de 1 000 bovins en provenance du Brésil dont une cargaison est déjà sur le territoire gabonais, une initiative ambitieuse visant à réduire la dépendance alimentaire du pays en renforçant la production locale de lait et de viande rouge. Si cette démarche représente une avancée économique et stratégique majeure, elle soulève toutefois des inquiétudes croissantes au sein de la population, notamment sur la qualité sanitaire des animaux et leur impact potentiel sur la santé publique.
Une initiative pour l’autosuffisance alimentaire
Avec une dépendance alimentaire encore élevée, le Gabon ambitionne de diversifier ses ressources et de soutenir l’émergence d’une filière agroalimentaire nationale. L’importation de ces bovins s’inscrit dans cette stratégie visant à combler le déficit local en viande rouge et en produits laitiers. Selon les autorités, ce projet pourrait également stimuler l’économie rurale, notamment dans les régions à fort potentiel agricole. En augmentant l’offre locale, il est prévu que les prix des produits bovins deviennent plus compétitifs, rendant ces denrées accessibles à un plus grand nombre de Gabonais.
Cependant, cette décision stratégique ne doit pas occulter des préoccupations d’ordre sanitaire qui pourraient fragiliser l’adhésion populaire à ce projet.
Les inquiétudes autour des hormones et des normes sanitaires
L’importation de bovins du Brésil a ravivé des craintes concernant l’utilisation de substances controversées dans l’élevage brésilien. En novembre 2024, la Commission européenne avait renforcé ses contrôles sur les produits bovins brésiliens, notamment en raison de la présence de l’oestradiol, une hormone de croissance jugée cancérigène par certains experts. Cette substance, largement utilisée dans certaines exploitations brésiliennes, est interdite dans plusieurs pays pour ses effets néfastes sur la santé humaine.
Les autorités gabonaises doivent donc faire preuve d’une vigilance accrue. Un contrôle strict de la chaîne d’importation et une transparence totale sur les procédures de vérification sont essentiels pour rassurer les populations sur l’innocuité des produits issus de ces animaux.
L’urgence de mesures de contrôle rigoureuses
Pour garantir la réussite de cette initiative, plusieurs mesures doivent être mises en œuvre. Tout d’abord, des tests approfondis devraient être réalisés avant et après l’arrivée des bovins sur le territoire gabonais afin de s’assurer qu’ils respectent les normes sanitaires internationales. Par ailleurs, le Gabon gagnerait à renforcer sa réglementation en matière de santé animale et à collaborer avec des laboratoires certifiés pour surveiller la qualité des produits dérivés.
La communication avec les citoyens est également cruciale. Les inquiétudes actuelles pourraient être apaisées par des campagnes d’information claires et régulières sur les garanties sanitaires apportées par ce projet. Enfin, le renforcement des capacités locales en matière d’élevage et de transformation des produits bovins pourrait transformer cette initiative en un levier durable pour l’économie nationale.
Une opportunité à ne pas compromettre
Malgré les controverses, l’arrivée de ces bovins représente une opportunité historique pour le Gabon de réduire sa dépendance alimentaire tout en stimulant son secteur agricole. Si les mesures de contrôle et de gestion des risques sont correctement appliquées, ce projet pourrait devenir un modèle de développement durable. À l’inverse, tout manquement dans la gestion de ces enjeux sanitaires pourrait compromettre la confiance des Gabonais, fragilisant ainsi les bénéfices attendus.
Dans un pays où la souveraineté alimentaire reste un défi majeur, le gouvernement devra conjuguer ambition et prudence pour que cette initiative devienne un véritable catalyseur de développement, et non une source de nouvelles préoccupations.
Times Infos
Par Nancy Nguema.