Gabon : Entre espoir et répétition, un régime militaire à l’épreuve de la gouvernance

À quelques mois des prochaines joutes électorales présidentielles, le Gabon est plongé dans une période de transition délicate. Le régime militaire, arrivé au pouvoir avec la promesse de restaurer la justice et l’équité, fait face à une interrogation cruciale : sera-t-il capable de briser les chaînes du favoritisme et de la corruption pour instaurer une gouvernance véritablement orientée vers l’intérêt général ?

Un héritage politique lourd à porter

Pendant des décennies, le Gabon a été marqué par une gestion publique entachée de scandales financiers et de pratiques de détournements de fonds. Les ressources destinées à l’amélioration des infrastructures, des services publics et des conditions de vie des populations se sont souvent retrouvées dilapidées, laissant derrière elles des inégalités criantes. Dans ce contexte, l’arrivée au pouvoir d’un régime militaire a suscité autant d’espoir que de scepticisme.

Bien que le discours des nouvelles autorités mette en avant une volonté de rupture avec le passé, de nombreux Gabonais s’interrogent sur la sincérité de ces intentions. L’absence de réformes visibles et concrètes dans la lutte contre la corruption continue d’alimenter le doute. La population attend des actes forts pour restaurer une confiance érodée par des décennies de mauvaise gouvernance.

Le piège du favoritisme : un défi majeur

L’un des défis les plus redoutables pour le régime militaire est de rompre avec les pratiques du copinage et du clientélisme, qui ont longtemps miné l’efficacité des politiques publiques. Ces habitudes profondément ancrées dans le tissu politique gabonais ont non seulement accentué les inégalités, mais également sapé la crédibilité des institutions.

Pour regagner la confiance du peuple, les autorités devront garantir que les nominations et les décisions politiques se fondent sur les compétences et non sur des relations personnelles ou communautaires. Un système transparent, où chaque citoyen peut avoir une chance équitable de participer à la construction nationale, est la clé pour sortir de ce cercle vicieux.

Les mécanismes à mettre en place pour un changement durable

Si le régime militaire souhaite réellement marquer une rupture avec les anciennes pratiques, plusieurs actions s’imposent :

  1. Renforcement des institutions de contrôle : La création ou le renforcement d’organes tels qu’une Cour des comptes véritablement indépendante pourrait jouer un rôle crucial. Cette institution doit être dotée de moyens humains et financiers suffisants pour surveiller efficacement l’utilisation des fonds publics.
  2. Numérisation et transparence des finances publiques : La mise en place d’outils numériques pour suivre en temps réel les dépenses publiques et lutter contre les malversations financières est une priorité.
  3. Organisation d’élections crédibles : La tenue d’un scrutin transparent, libre et inclusif, sera déterminante pour crédibiliser le régime. Cela inclut la présence d’observateurs internationaux indépendants pour garantir l’intégrité du processus.
  4. Lutte contre l’impunité : Aucun progrès ne sera possible sans la poursuite des responsables de détournements passés et présents, quel que soit leur rang ou leur influence.

Une opportunité historique, mais un avenir incertain

Le Gabon traverse une période critique où l’histoire pourrait s’écrire autrement. Le régime militaire a l’opportunité de poser les bases d’une gouvernance inclusive, transparente et orientée vers le bien-être collectif. Cependant, le risque de retomber dans les travers du passé demeure réel si les réformes promises ne se matérialisent pas rapidement.

Pour les Gabonais, l’heure n’est plus aux discours. La population, de plus en plus consciente de ses droits, réclame des actes concrets et un véritable changement. Reste à savoir si les dirigeants actuels sauront répondre à cette exigence et inscrire le Gabon dans une dynamique de progrès durable.

L’avenir du pays, à ce tournant décisif, repose sur un équilibre fragile entre promesses et réalisations.

Times Infos 

Par Amir Baron. 

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