Le déplacement du général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition au Gabon, à Accra pour la cérémonie d’investiture du président élu du Ghana, met en lumière un contraste saisissant entre les enjeux diplomatiques et les turbulences internes qui secouent son pays. Tandis que ce déplacement symbolise une volonté d’ouverture sur la scène internationale, il soulève également des interrogations sur la gestion des défis politiques domestiques.
Une visite diplomatique au cœur des relations africaines
L’invitation de John Dramani Mahama, lors de sa récente visite de travail à Libreville, témoigne d’une dynamique de coopération renforcée entre le Gabon et le Ghana. La présence d’Oligui Nguema à cette cérémonie illustre son ambition de redorer l’image du Gabon sur le plan international, en jouant le rôle d’un leader respecté sur la scène africaine. Cependant, ces gestes de diplomatie ne suffisent pas à masquer les fractures internes qui continuent de miner la transition politique au Gabon.
En se rendant à Accra, le président de la transition souhaite probablement projeter l’image d’un pays en voie de stabilisation et d’un régime capable d’honorer ses engagements internationaux. Cette démarche est essentielle pour attirer des partenaires stratégiques et potentiels investisseurs. Néanmoins, cette quête de légitimité à l’échelle continentale risque de paraître déconnectée des réalités locales.
Les plaies internes : un code électoral contesté
Pendant qu’Oligui Nguema est à l’étranger, une autre scène se joue sur le territoire gabonais. D’anciens ministres du régime Bongo et certains candidats à l’élection présidentielle de 2023 prévoient une conférence de presse pour dénoncer les lacunes du code électoral gabonais. Ces critiques, bien qu’attendues, reflètent une profonde frustration vis-à-vis du processus électoral et de l’absence de réformes significatives depuis la prise de pouvoir par le Comité de transition et de restauration des institutions (CTRI).
Le code électoral, souvent perçu comme un outil de manipulation politique, demeure un obstacle majeur à la transparence démocratique. Les intervenants à cette conférence de presse ne manqueront pas de souligner les promesses non tenues de réformes inclusives, exacerbant ainsi le scepticisme à l’égard du gouvernement de transition.
Une absence qui soulève des interrogations
L’absence du président de la transition au moment où ces critiques se font entendre peut-être interprétée comme un manque de considération pour les préoccupations locales. Si les ambitions diplomatiques d’Oligui Nguema sont légitimes, elles risquent de créer un fossé entre les priorités affichées sur la scène internationale et les attentes du peuple gabonais.
Ce décalage alimente un sentiment croissant de méfiance parmi les acteurs politiques locaux et les citoyens, qui attendent des actions concrètes pour résoudre les problèmes systémiques du pays. La transition, censée être une période de réforme et de réconciliation, semble s’enliser dans une gestion incohérente et des priorités mal définies.
Une opportunité manquée ?
Si le déplacement à Accra peut renforcer les liens bilatéraux et donner une visibilité internationale au Gabon, il n’en demeure pas moins une occasion manquée de se concentrer sur les réformes urgentes. La crédibilité du président de la transition dépendra de sa capacité à répondre aux critiques internes avec des actions concrètes, notamment en matière de gouvernance, de transparence électorale et de justice sociale.
En somme, ce déplacement à Accra illustre une tension permanente entre la nécessité de soigner l’image du Gabon à l’étranger et l’urgence de répondre aux défis internes. Si Oligui Nguema ne parvient pas à rééquilibrer ces priorités, son régime risque de s’aliéner à la fois ses soutiens internes et sa crédibilité internationale.
Times Infos
Par Cédric Baloch.