Gabon : Près de dix ans sans salaire, des agents de la santé en colère et en action

Libreville, lundi 27 janvier 2025 – Une indignation profonde secoue le ministère de la Santé. Ce matin, des agents, excédés par une décennie de travail sans la moindre rémunération, ont organisé un sitting devant la Direction Centrale des Ressources Humaines (DCRH). Une initiative courageuse mais révélatrice d’une gestion administrative défaillante et d’une politique publique qui semble avoir relégué ses travailleurs au dernier rang de ses priorités.

Dix ans de silence et d’injustice

Cela fait près de dix ans que ces agents se rendent quotidiennement sur leur lieu de travail, malgré l’absence totale de salaire. Dix années marquées par des promesses non tenues, des attentes interminables et un mépris institutionnalisé. Ces travailleurs, en première ligne pour garantir la santé publique, dénoncent un système qui bafoue leur dignité et met en péril leur subsistance et celle de leurs familles.

« Nous nous levons chaque matin pour servir notre pays, mais à quel prix ? Cela fait dix ans que nous vivons comme des fantômes dans notre propre ministère », déclare un agent sous couvert d’anonymat. Cette situation, aussi absurde qu’inacceptable, illustre l’incapacité chronique du gouvernement à répondre aux besoins fondamentaux de ses agents publics.

Un sitting comme ultime recours

Face à l’indifférence de leur hiérarchie, ces travailleurs ont décidé de faire entendre leur voix. Le sitting organisé devant la DCRH est autant un cri d’alarme qu’une manifestation de leur désespoir. Ils exigent le paiement immédiat des arriérés de salaire, mais aussi des garanties pour que cette situation ne se reproduise plus.

Pour ces agents, il ne s’agit pas uniquement d’une lutte pour leur rémunération, mais aussi d’une quête de reconnaissance. « Comment voulez-vous que nous continuions à travailler dans ces conditions ? Nous sommes ignorés, humiliés et exploités », s’indigne un autre manifestant.

Une gestion administrative sous le feu des critiques

Cette crise met en lumière les défaillances structurelles d’un système administratif qui peine à gérer ses ressources humaines. Les questions fusent : comment est-il possible que des agents soient maintenus en poste pendant une décennie sans rémunération ? Où sont passés les budgets alloués au paiement des salaires ? Pourquoi les autorités compétentes n’ont-elles jamais agi pour résoudre ce problème ?

Ces interrogations, loin d’être nouvelles, pointent vers un malaise systémique au sein du ministère de la Santé. Dans un secteur aussi vital, de telles négligences sont non seulement inacceptables mais également dangereuses pour le bon fonctionnement des services publics.

Des conséquences humaines dévastatrices

Derrière les chiffres et les revendications, il y a des hommes et des femmes qui souffrent. Ces agents ont dû s’endetter, renoncer à des projets de vie, et faire face à des conditions de vie précaires. Certains rapportent avoir perdu des proches fautes de moyens pour payer des soins médicaux, d’autres se battent chaque jour pour nourrir leurs enfants.

« Nous sommes les oubliés de la République », déplore une infirmière présente au sitting. « Ce que nous vivons est une forme de violence sociale. »

Un appel à la responsabilité gouvernementale

Cette situation exige une réponse immédiate et ferme des autorités. Le gouvernement doit non seulement remédier à cette injustice en payant les salaires dus, mais aussi engager une réforme structurelle pour prévenir de telles dérives. Le mutisme et les demi-mesures ne feront qu’alimenter la colère et accentuer la défiance envers les institutions publiques.

En attendant, les agents du ministère de la Santé, soutenus par une opinion publique de plus en plus alerte, semblent déterminés à poursuivre leur combat. Leur sitting, symbole d’un ras-le-bol généralisé, est aussi un rappel poignant que le travail sans salaire n’est rien d’autre qu’une forme moderne d’exploitation.

Le Gabon, riche de ses ressources naturelles et de son potentiel humain, ne peut se permettre de tourner le dos à ses travailleurs. Le droit à une rémunération juste et régulière n’est pas un privilège, c’est un droit fondamental.

Times Infos 

Par Nancy Nguema.

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