Gabon : une révision électorale sous haute tension, entre urgences et controverses

Alors que le Gabon amorce une période cruciale de révision des listes électorales, le Parlement est convoqué en session extraordinaire dès le 10 janvier 2025 jusqu’au 20 du même mois pour examiner un projet de code électoral en urgence. Ce contexte soulève de vifs débats sur la légitimité et la transparence du processus, exacerbés par des contestations de l’opposition et des interrogations sur le respect des résolutions du dialogue national d’Angondjé.

Une réforme à marche forcée

Le démarrage de la révision des listes électorales, le 2 janvier dernier, marque un jalon important pour les échéances électorales à venir. Toutefois, la précipitation qui entoure l’examen du projet de code électoral laisse planer des doutes sur les intentions réelles du gouvernement. Alors que le processus devrait, en théorie, renforcer la transparence, la rapidité avec laquelle il est conduit suscite des critiques. L’opposition, ainsi qu’une partie de la société civile, s’interrogent sur la pertinence de réviser un fichier électoral jugé obsolète sans procéder d’abord à une refonte complète.

Cette révision, selon les détracteurs, pourrait perpétuer les lacunes du système actuel, notamment l’inclusion d’électeurs fictifs ou l’exclusion arbitraire de certains citoyens. En l’absence d’une mise à plat préalable, le risque est grand que les résultats à venir soient contestés, compromettant ainsi la crédibilité des institutions électorales.

Opposition et société civile montent au créneau

L’opposition politique ne décolère pas. Elle estime que le gouvernement d’Oligui Nguema Brice n’a pas respecté les engagements pris lors du dialogue national d’Angondjé, où il avait été question de réformes profondes pour garantir des élections inclusives et crédibles. La révision des listes électorales, sans refonte préalable du fichier, est perçue comme une tentative de verrouillage du système en faveur du pouvoir en place.

Les opposants dénoncent également l’absence de transparence dans le processus. Les critères de révision, les moyens mis en œuvre, et les mécanismes de contrôle restent flous. Cette opacité alimente les soupçons d’un maintien du statu quo, où les dés seraient pipés avant même que le jeu électoral ne commence.

Un Parlement sous pression

La convocation du Parlement en session extraordinaire pour examiner le projet de code électoral souligne l’urgence politique de la situation. Mais cette précipitation soulève des questions : le texte proposé tiendra-t-il compte des revendications formulées lors du dialogue national ? Sera-t-il réellement le fruit d’un consensus ?

Le Parlement, bien qu’ayant la responsabilité de légiférer, évolue dans un climat de méfiance généralisée. Sa capacité à adopter une loi électorale satisfaisant à la fois le gouvernement, l’opposition et la société civile est mise à rude épreuve. L’issue de cette session pourrait soit désamorcer les tensions, soit les exacerber davantage.

Les conséquences d’une crise annoncée

Le maintien du calendrier électoral dans ces conditions pourrait avoir des conséquences désastreuses. Une révision des listes contestée, combinée à un code électoral perçu comme biaisé, risque d’entraîner un rejet massif des résultats. Les tensions actuelles, si elles ne sont pas résolues, pourraient déboucher sur une crise politique majeure, fragilisant davantage le pays.

Pour éviter le pire, le gouvernement doit prendre des mesures fortes : instaurer une réelle transparence dans le processus, intégrer les revendications légitimes de l’opposition, et mobiliser la société civile comme arbitre impartial. À défaut, le Gabon pourrait voir ses efforts de démocratisation balayés par un nouveau cycle de conflits politiques et sociaux.

Un test de maturité démocratique

La révision des listes électorales et l’adoption d’un nouveau code électoral constituent un test crucial pour la démocratie gabonaise. Face à des enjeux aussi déterminants, la précipitation et l’opacité ne peuvent que nourrir la défiance. La voie du dialogue, de la concertation et du compromis est la seule issue pour garantir des élections crédibles et apaiser un climat politique déjà sous tension.

Times Infos 

Par Nancy Nguema.

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