Succession au Vatican : L’heure d’un pape africain a-t-elle enfin sonné ?

La mort du pape François survenue le 21 avril a bouleversé le monde catholique. Alors que s’annonce un nouveau conclave, une question revient avec insistance : l’Église est-elle prête à élire un pape africain ?

Une Église en deuil, mais tournée vers l’avenir

Le décès du pape François marque la fin d’une ère. Souverain pontife atypique, proche des pauvres, réformateur modéré, il aura tenté de rapprocher l’Église des réalités contemporaines. Mais alors que la tristesse domine chez les fidèles, les regards se tournent désormais vers le prochain conclave, cette réunion secrète des cardinaux électeurs chargés de désigner son successeur.

Depuis plusieurs décennies, les noms de certains cardinaux africains circulent dans les cercles vaticans. L’idée d’un pape venu du « continent de l’espérance » gagne du terrain, à mesure que le centre de gravité du catholicisme se déplace vers le Sud. Mais la route vers le trône de Saint Pierre reste semée d’obstacles politiques, culturels et symboliques.

L’Afrique : bastion de la foi catholique moderne

Si l’Église catholique décline en Europe, elle explose en Afrique. En 2024, plus de 250 millions d’Africains se déclaraient catholiques, un chiffre en hausse constante. Les séminaires africains sont pleins, les paroisses actives, et la foi vivante. L’Afrique incarne la vitalité du christianisme contemporain, avec des évêques souvent en première ligne dans la défense des droits humains, la lutte contre la pauvreté et les conflits.

Face à ces dynamiques, plusieurs voix appellent à une reconnaissance institutionnelle : pourquoi l’Afrique, qui fournit aujourd’hui une part considérable des prêtres et missionnaires, n’accèderait-elle pas à la plus haute fonction de l’Église universelle ?

Trois cardinaux africains au profil papabile

Parmi les prétendants africains, trois figures se distinguent.

Peter Turkson (Ghana), 75 ans, est sans doute le plus connu sur la scène internationale. Ancien président du Dicastère pour le développement humain intégral, il a été pendant un temps présenté comme « le dauphin » de François. Intellectuel brillant, il porte une vision humaniste et sociale, ancrée dans la doctrine sociale de l’Église.

Fridolin Ambongo (RDC), 64 ans, archevêque de Kinshasa, s’est imposé comme une voix morale puissante en Afrique centrale. Proche des mouvements citoyens, défenseur des droits fondamentaux, il incarne une Église courageuse, ancrée dans les luttes contemporaines. Membre du Conseil des cardinaux, il a gagné en influence dans les cercles romains.

Dieudonné Nzapalainga (Centrafrique), 57 ans, archevêque de Bangui, représente la jeune génération ecclésiale. Artisan du dialogue interreligieux dans un pays marqué par les conflits, il est salué pour son courage, son charisme et sa simplicité. Son parcours inspire bien au-delà des frontières de son pays.

Des chances limitées mais un symbole puissant

Malgré ces profils prometteurs, la réalité du conclave reste marquée par des équilibres géopolitiques. L’Europe et l’Amérique latine dominent encore le Collège électoral. De plus, certains cercles conservateurs voient dans une papauté africaine un saut culturel difficile, tant en raison des traditions liturgiques que des postures sociales parfois divergentes.

Mais l’histoire de l’Église est faite de ruptures inattendues. En 1978, l’élection du Polonais Jean-Paul II avait surpris le monde. En 2013, celle de l’Argentin Jorge Mario Bergoglio avait cassé les codes. Dans un monde en quête de sens, un pape africain incarnerait un message fort : celui de l’universalité réelle de l’Église, au-delà des continents et des traditions.

Vers un conclave décisif

Le prochain conclave ne sera pas seulement un moment liturgique. Il sera un moment stratégique. Le choix du nouveau pape dira beaucoup sur l’orientation future de l’Église : ouverture ou repli, réforme ou continuité, mondialisation ou enracinement européen.

Et si, pour la première fois en deux mille ans d’histoire, l’Église tendait l’oreille vers la voix de l’Afrique ?

Times Infos 

Par David Barne.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *