Goma pleure ses morts. Plus de 2 000 corps ont été enterrés à la hâte, sans compter les charniers et les fosses communes encore non recensés. La ville, déjà meurtrie par des années de conflit, est devenue le symbole d’une guerre qui ne dit pas son nom. Pourtant, face à cette tragédie, la communauté internationale brille par son inaction, tandis que les accusations de complicité étrangère s’intensifient.
Un massacre à huis clos
L’est de la République démocratique du Congo (RDC) est en proie à une guerre qui dure depuis plus de deux décennies. L’offensive récente du M23, groupe rebelle soutenu par le Rwanda selon Kinshasa, a provoqué une catastrophe humanitaire d’une ampleur inédite. Les civils, pris au piège des combats, meurent sous les balles ou de faim, fuyant des villages rasés par la guerre.
Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a révélé des chiffres glaçants : plus de 2 000 morts enterrés en urgence à Goma. Et ce n’est qu’une estimation minimale. La réalité pourrait être encore plus dramatique, avec des fosses communes disséminées dans toute la région. Pourtant, aucun tollé international, aucune condamnation ferme. Comme si l’est du Congo était condamné à disparaître dans l’indifférence.
L’ombre du Rwanda et l’échec de la diplomatie
Les accusations du gouvernement congolais contre Kigali ne sont pas nouvelles. Depuis plusieurs années, des rapports des Nations unies et des ONG pointent du doigt le soutien du Rwanda au M23. Ce groupe rebelle, bien organisé et équipé, mène une guerre éclair qui dépasse les capacités de l’armée congolaise. Pourtant, malgré ces preuves accablantes, la communauté internationale se contente d’appels au dialogue.
Pourquoi cette impunité ? Paul Kagame, président du Rwanda, bénéficie d’un statut privilégié sur la scène diplomatique. Son pays, souvent présenté comme un modèle de développement en Afrique, entretient des liens économiques et sécuritaires solides avec des puissances occidentales. Ce qui explique en partie le manque de sanctions ou de pressions diplomatiques sérieuses.
Pendant ce temps, la population congolaise paie le prix fort. Goma, ville stratégique, est devenue un cimetière à ciel ouvert.
Une guerre pour le contrôle des richesses
Derrière ce conflit se cachent des intérêts économiques colossaux. L’est de la RDC regorge de minerais stratégiques : coltan, or, cobalt… Des ressources indispensables aux industries technologiques mondiales. Cette guerre n’est pas seulement un affrontement entre États ou groupes armés, c’est aussi une bataille pour le contrôle de ces richesses.
Les multinationales, les gouvernements étrangers et même certaines élites locales tirent profit de ce chaos. Tant que la guerre permettra d’exploiter ces ressources à moindre coût, le cycle de la violence se perpétuera. Et les morts continueront de s’accumuler.
L’inaction complice du monde
La RDC a demandé des sanctions contre le Rwanda, mais sans succès. L’ONU multiplie les déclarations sans effet. L’Union africaine reste silencieuse. Et l’opinion publique mondiale semble anesthésiée face à cette tragédie.
Il est temps que cela change. Le massacre de Goma doit être un électrochoc. Des mesures concrètes doivent être prises : embargo sur les minerais de conflit, sanctions ciblées contre les responsables, soutien militaire et humanitaire accru pour la RDC.
Le sang versé à Goma ne doit pas être oublié. Car accepter cette tragédie sans réagir, c’est condamner l’Afrique centrale à une guerre sans fin.
Times Infos
Par Cédric Baloch.