Ce lundi 27 janvier 2025, la ville de Bukavu, dans l’Est de la République démocratique du Congo, a été le théâtre d’une mobilisation historique. Des milliers de manifestants, exaspérés par l’insécurité chronique, ont envahi les rues pour dénoncer l’agression présumée du Rwanda, exiger le retrait des troupes rwandaises et alerter sur la crise humanitaire qui frappe les déplacés. Ce soulèvement populaire met en lumière l’ampleur de la colère d’une population qui se sent abandonnée, aussi bien par son propre gouvernement que par la communauté internationale.
L’Est de la RDC en proie au chaos : une colère légitime
Depuis des décennies, l’Est de la RDC est le théâtre d’une violence perpétuelle alimentée par des groupes armés et des conflits transfrontaliers. Les populations locales subissent au quotidien les pillages, les massacres et les déplacements forcés, aggravés par des accusations répétées d’ingérence du Rwanda dans les affaires congolaises. Les manifestants de Bukavu ont notamment dénoncé le soutien présumé de Kigali au mouvement rebelle M23, responsable d’attaques meurtrières et d’occupations de vastes territoires.
Pour ces milliers de citoyens, la situation est devenue intenable. « Nous sommes fatigués d’être les victimes oubliées de cette guerre par procuration », s’indignait un manifestant, rappelant l’inaction du gouvernement central face à la détérioration constante de la sécurité dans le Sud-Kivu. La colère est amplifiée par le manque de réponses concrètes de Kinshasa, jugé incapable de protéger ses citoyens ou de négocier efficacement avec les acteurs régionaux.
Une crise humanitaire dans l’ombre
Parallèlement, les manifestants ont attiré l’attention sur la situation dramatique des déplacés internes. Selon les organisations humanitaires, des dizaines de milliers de familles ont été forcées de fuir leurs villages à cause des affrontements, souvent dans des conditions inhumaines. Ces déplacés s’entassent dans des camps surpeuplés, manquant cruellement de nourriture, d’eau potable, de soins médicaux et d’abris décents.
Les appels à l’aide humanitaire se heurtent à une réponse internationale timide. Les financements promis pour la crise humanitaire sont largement insuffisants, et les agences d’aide peinent à répondre aux besoins croissants. Cette inaction a été perçue comme une indifférence généralisée, renforçant le sentiment d’abandon parmi les populations locales.
Le rôle ambigu de la communauté internationale
Les manifestants de Bukavu n’ont pas épargné la communauté internationale, accusée de fermer les yeux sur les souffrances de l’Est congolais. Alors que les Nations unies maintiennent une présence via la MONUSCO (Mission de l’ONU en RDC), cette dernière est de plus en plus critiquée pour son inefficacité. « Ils sont ici depuis des décennies, mais notre situation n’a fait qu’empirer », lançait un autre manifestant.
Les sanctions symboliques prises contre le Rwanda par certains pays occidentaux n’ont guère eu d’impact sur le terrain. Pendant ce temps, des puissances internationales continuent d’exploiter indirectement les ressources naturelles de la région, alimentant un cercle vicieux de conflits et d’instabilité.
Un appel à l’action urgente
Face à cette situation, les habitants de Bukavu et de l’Est congolais dans son ensemble lancent un appel pressant à l’action. Ils demandent non seulement le départ immédiat des troupes rwandaises, mais aussi une intervention régionale et internationale plus robuste pour désarmer les groupes armés et assurer une stabilité durable.
Cette manifestation massive à Bukavu est un cri de désespoir, mais aussi un signal d’alerte : si des mesures concrètes ne sont pas prises rapidement, la crise humanitaire et sécuritaire pourrait prendre une ampleur encore plus dramatique, avec des conséquences incalculables pour la RDC et toute la région des Grands Lacs.
Times Infos
Par Cédric Baloch.